Antiquité
Structure politique et société
À partir de la conquête de la Gaule par César en -52, les Gaulois adoptent progressivement la culture de l’occupant romain, notamment sa langue latine, sa citoyenneté, sa structuration administrative et ses cultes. Ce processus d’acculturation est nommé « romanisation ».
Trente ans après la conquête, Auguste, premier empereur de la République romaine, recense les habitants de la Gaule et scinde le territoire en quatre provinces. Au sud, la Provincia, région déjà sous domination romaine depuis un siècle, prend le nom de Narbonnaise. Le reste du pays est divisé entre l’Aquitaine, qui englobe tous les peuples de la Garonne à la Loire ; la Lyonnaise, qui s’étend de la Loire jusqu’à la Seine, incluant la Normandie et l’Armorique ; et enfin, la Belgique, qui comprend tout le Nord et l’Est. Ces quatre provinces sont subdivisées en soixante cités, ou civitates, dont les limites sont approximativement calquées sur celles des anciennes tribus gauloises.
Si la province de la Narbonaise reste administrée directement par le Sénat romain, Lyon (Lugdunum) devient la capitale des trois autres provinces – capitale des Gaules (« Caput Galliarum ») – et le siège du pouvoir impérial. Accueillant les empereurs en visite, la ville s’agrandit, s’enrichit et devient rapidement une plaque tournante commerciale. Au Ier siècle, elle dispose du droit de battre monnaie, situation unique dans l'Empire romain à cette période.
Chaque année, le 1er août, Lyon accueille le « Conseil des trois Gaules » durant lequel les délégués des soixante cités viennent défendre leurs intérêts auprès de Rome. Combinant fonction religieuse et rôle administratif, cette réunion sert également à élire le prêtre qui endossera la charge administrative la plus haute autorisée à un citoyen gallo-romain : célébrer les cérémonies dédiées au culte de Rome et de l'Empereur, à Lyon, dans le sanctuaire fédéral.
Au cours de son règne, entre 41 et 54 de notre ère, Claude, quatrième empereur romain, autorise l’accès des élites gauloises aux magistratures et au Sénat, réclamé par le Conseil des Gaules. Progressivement, l'aristocratie gauloise est enrôlée dans l'armée romaine ou intégrée dans l’élite municipale, voire sénatoriale. L'habileté des Romains réside dans le fait d'avoir suscité l’adhésion de cette classe privilégiée : l'organisation et les mœurs romaines s'imposent ainsi naturellement aux notables, avant de conquérir le peuple. Les deux premiers siècles de l’occupation romaine constituent une ère de prospérité et de développement : une période de paix relative, que l’on nomme Pax romana. En 212, sous l’empereur Caracalla, la citoyenneté romaine est accordée à tous les hommes libres de l’Empire.
Toutefois, la « romanisation » s’effectue à différents rythmes selon les régions et les milieux sociaux. Si la population gauloise s’adapte majoritairement aux codes de l’occupant romain, elle maintient néanmoins certaines de ses traditions, le tout donnant lieu à une culture originale dite « gallo-romaine ».
Carte des Civitas. Chaque province est administrée par un gouverneur qui siège dans la capitale de province : Narbonne en Narbonnaise, Reims en Belgique, Lyon en Lyonnaise et enfin Saintes ou Bordeaux en Aquitaine.
©Oliver Blin, Inrap
Plaque en marbre, IIe s. de notre ère. Remployée dans un sol de trottoir du IIIe s. de notre ère, cette plaque accueille une dédicace à un chevalier romain, tribun militaire dans la XXIIe légion : Tiberius Claudius Potitus Sabinianus.
Faubourg d'Arroux, Autun (Saône-et-Loire), 2010. ©Loïc de Cargouët, Inrap
Spiritualité et religions
L'Empire romain est une mosaïque : chaque peuple y est intégré avec son histoire, sa culture et sa religion. Si la religion polythéiste romaine affiche une vraie tolérance à l’égard des cultes des autres peuples, ceux-ci ne doivent pas menacer l'unité de l'Empire, intimement liée à la religion officielle et au culte impérial célébrés régulièrement lors de grandes fêtes annuelles.
En Gaule romaine, le temple, nommé « fanum », se retrouve au cœur des villes et à leur périphérie, mais aussi dans certaines villae à la campagne. À Rennes (Ille-et-Vilaine), des fouilles au couvent des Jacobins ont permis de mettre au jour un temple du IIIe siècle placé au milieu d’un carrefour très fréquenté et riche en activités artisanales et commerciales de l’antique cité de Condate (Rennes). L’architecture du fanum s’inspire des temples celtiques en bois qui se sont peu à peu monumentalisés et ont été construits en pierre et en maçonnerie. De taille variable, il peut être imposant comme le prouvent les vestiges exceptionnels de la façade du sanctuaire, ou possible mausolée antique, découvert à Pont-Sainte-Maxence (Oise) dont l’enceinte mesure 70 m x 105 m et 10 m de haut.
Généralement, au centre de l’édifice, la statue du dieu est disposée dans une pièce le plus souvent carrée mais parfois ronde ou rectangulaire, appelée cella, ceinte d’une galerie de circulation accueillant les fidèles. Autour du fanum, un espace sacré peut parfois abriter d’autres temples ou chapelles conçus sur le même modèle et voués chacun à un dieu différent. Ainsi, le Fanum Martis, découvert à mi-chemin entre les villes actuelles de Cambrai (Nord) et de Tournai (Hainault, Belgique), n’a pas encore livré les vestiges de fondation d’un temple ; néanmoins, il indique la coexistence de cultes divers sur un même lieu sacré. Son toponyme antique laisse supposer la présence d'un édifice dédié au dieu Mars (Martis en latin) et les objets découverts révèlent des cultes dédiés à Mercure (dieu romain), Mithra (dieu oriental), ainsi qu’à Attis et Cybèle (dieux grecs).
Même après la conquête césarienne, les dieux gaulois continuent à être vénérés en parallèle des nouveaux dieux romains comme en attestent les représentations gallo-romaines – sous forme d’images ou de noms – de grandes divinités gauloises, comme Epona, déesse des cavaliers, ou Taranis, équivalent de Jupiter, sur plusieurs bas-reliefs de temples. Ils sont parfois associés aux dieux romains classiques comme Mercure, Mars, Hercule, Apollon et Vulcain. C’est le cas sur le Pilier des Nautes, colonne monumentale érigée au Ier siècle par les Nautes de Lutèce en l'honneur de Jupiter. Aux côtés de ce dieu romain figurent Cernunnos, le dieu à ramure de cerf, et Tarvos Trigaranus, le taureau aux trois grues, deux divinités animales gauloises. Très populaire à l’époque, ce type de fusion appelé « syncrétisme » symbolise parfaitement la romanisation puisqu’il combine fidélité aux cultes indigènes et intégration du culte de l’occupant.
Dans ce climat de tolérance religieuse, certains Gallo-Romains vont même jusqu’à vénérer des dieux orientaux. À Angers (Maine-et-Loire) et à Lucciana (Haute-Corse), la mise au jour des vestiges de sanctuaires voués au culte de Mithra, dieu originaire de Perse rapporté d’Arménie par des légionnaires et colporté dans l’Empire à partir de la fin du Ier siècle, le prouve.
Cour nord du couvent des Jacobins. Un carrefour majeur de la cité antique a été révélé avec les restes d’un temple. Le coq et le bouc en alliage cuivreux retrouvés évoqueraient une dévotion à Mercure, dieu du commerce, des voyageurs et des carrefours.
Rennes (Ille-et-Vilaine), 2013. ©Hervé Paitier, Inrap
Statuette en céramique représentant Mercure retrouvée sur le Fanum Martis, IIe-IIIe siècles. Le culte de Mercure celtique est très populaire dans cette cité des Nerviens. Protecteur des arts, il était surtout honoré par les artisans potiers ou bronziers.
Parc scientifique « Technopole », Mont Houy, Famars (Nord), 2020. ©S. Lancelot, Inrap
Crâne d'un adulte entouré de deux crânes de chevaux, v. IIIe s. de notre ère. Associer des éléments d’équidés au corps du défunt était une pratique jusqu’alors inconnue en Gaule romaine. Serait-ce un témoignage de la survivance du culte à la déesse gauloise Epona ?
Le Clos-au-Duc, Evreux (Eure), 2007. © Hervé Paitier, Inrap
Maquette de reconstitution du Pilier des Nautes, Ier s. de notre ère. Sauf pour un cas, on ne possède que le bloc supérieur de chaque dé composant le pilier. Les dieux celtes sont figurés aux côtés des dieux romains.
Paris (Ile-de-France), 1711. © CC BY 2.5
Vestiges d’un sanctuaire monumental, IIe s. de notre ère. À gauche, une architrave ornée de motifs géométriques et végétaux. À droite, une frise ornée d'une Vénus accroupie et d’une tête de vieille servante devant appartenir à la façade.
Le Champ Lahyre, Pont-Sainte-Maxence (Oise), 2014. ©Denis Gliksman, Inrap
Vue aérienne du mithraeum de Mariana et de ses annexes. À droite, un bâtiment postérieur.
C’est la première fois en Corse qu’un mithræum est identifié. Ce sanctuaire se compose de plusieurs espaces caractéristiques des mithræa dont une salle de culte et son antichambre.
La Canonica-Mariana, Lucciana (Haute-Corse), 2017. © Denis Gliksman, Inrap
Subsistance, économie, commerce
Agriculture et élevage fournissent la base de l’alimentation en Gaule romaine. Toutefois, de nombreux produits sont importés. Le commerce fonctionne à petite et grande échelle de manière intensive.
Agriculture et élevage
La connaissance des productions agricoles antiques a beaucoup progressé grâce à l’archéologie préventive. Champs et cultures ne sont plus abordés seulement par le biais des contenants et des structures de stockage (amphores, tonneaux, dolia, greniers…) ou des outils (araires, serpettes, bêches…) mais aussi grâce à la paléobotanique (analyse des pollens et des graines).
Grâce à cette science, vergers et espaces maraîchers sont désormais reconnus jusqu’aux abords des villes. Des spécialisations régionales, comme la culture de la vigne dans le sud dès le début du Ier siècle, sont également mises en évidence. Le blé, socle de l’alimentation, est cultivé quasiment partout. Selon les terroirs, on trouve de l’avoine, du millet, du seigle ou de l’orge ; cette dernière est utilisée pour fabriquer la bière. La lentille est produite en Narbonnaise où l’on exploite aussi l’olivier pour son huile. On récolte également des pois et des fèves. Le lin et le chanvre sont utilisés pour fabriquer des vêtements.
L'élevage permet de fournir les villes en viande, transformée en de nombreux produits comme les salaisons et la charcuterie. On élève principalement du cochon, à petite échelle domestique dans les campagnes, mais aussi très certainement en ville. Dans le centre et le nord de la Gaule romaine, c’est cependant le bœuf qui domine. Les archéologues trouvent aussi les restes de chèvres, de moutons et de chevaux. Les volailles demeurent peu consommées.
Commerce
La découverte d’ateliers, de mines, de carrières et ou encore de produits manufacturés et transformés permet aux archéologues de mesurer la diversité de l’artisanat et le dynamisme du commerce à courte et longue distance. Par ailleurs, l’étude des monnaies mises au jour, égarées par leur possesseur ou thésaurisées sous forme de dépôts cachés, nous éclaire sur la politique monétaire et économique.
La Gaule romaine assoit son économie dans tous les domaines comme le prouvent les catégories d’artisans identifiées : métiers du bois (bûcherons, charpentiers, fabricants de meubles, tonneliers), métiers de la pierre et de la construction (carriers, tailleurs, maçons, stucateurs et mosaïstes, fabricants de tuiles), mais aussi forgerons, plombiers, bronziers et orfèvres, potiers et verriers, artisans du tissu et du cuir (tisseurs, foulons, tailleurs, tanneurs, bourreliers et selliers).
Les petits commerçants sont majoritairement des artisans qui vendent leurs propres productions. Un commerce intérieur alimente les villes, les campagnes et les ports gallo-romains, mais les cultures céréalières et l’élevage, très répandus, permettent également toutes sortes d’exportations vers Rome et l’Italie. Blé, viande (notamment le porc en salaison, très apprécié localement) et lainages sont massivement exportés vers l’Empire, tandis que des marchandises venues de Méditerranée et de contrées très éloignées de l’Empire (Orient, Extrême-Orient, et en particulier la Chine pour les épices et les tissus) sont importées en Gaule romaine.
Les marchés sont régulièrement achalandés grâce à l’intense circulation routière, fluviale et maritime. On se déplace à cheval ou dans des chars ou des chariots – tirés par des bœufs, des chevaux ou des mulets – qui transportent marchandises et voyageurs. Produits et denrées sont soigneusement emballés et cordés, comme l’indiquent quelques représentations parvenues jusqu’à nous.
Grâce aux bateliers, ou nautes, qui assurent, contrôlent et entretiennent les voies d’eaux, le transport fluvial est également très développé. On pratique le halage sur les petits cours d’eau et, sur les eaux peu profondes, on a recours à des radeaux ou des barques à fond plat. Des bateaux à voiles remontent les grands fleuves depuis la mer – comme sur le Rhône jusqu’à Lyon, ou sur le Rhin.
Ces diverses embarcations autorisent le transport de matériaux de construction lourds et massifs, tels que blocs de pierre ou de marbre, colonnes et chapiteaux. Elles acheminent également toutes sortes de denrées et de vivres, comme les céréales, huiles ou vins conservés dans des amphores scellées comportant le cachet de l’expéditeur, ou dans des tonneaux, une spécialité gauloise. La découverte de nombreuses épaves chargées d’amphores, de matériaux ou de produits variés, montre l’intensité des échanges entre les différentes régions de l’Empire.
Petite serpette viticole en fer. Un alignement spectaculaire de foyers de la Protohistoire ainsi qu'un ensemble funéraire antique ont été mis au jour. Ce dernier a livré un mobilier exceptionnellement bien conservé.
Rue de la Grande Terre, Alba-la-Romaine (Ardèche), 2020. ©Denis Gliksman, Inrap
Stèle de la nécropole de Pont-l’Evêque, 1ère moitié du IIe s. La stèle figure un artisan du métal, reconnaissable à ses deux attributs : un marteau à panne carrée et une pince du type pince à feu.
Pont-l'Évêque, Autun (Saône-et-Loire), 2004. ©Loïc de Cargouët, Inrap
Épave romaine totalement dégagée, port antique d'Antibes. Il s'agit d'un voilier de commerce d'époque impériale. Aucune trace d'un chargement n'a été détectée, le bateau a pu être abandonné ou être coulé volontairement pour servir de base à un appontement.
Pré aux Pêcheurs, Antibes (Alpes-Maritimes), 2012. ©Rémi Bénali, Inrap
Amphore hispanique en céramique, milieu du Ier s. de notre ère. Cette amphore transportait du vin cuit, le defretum, produit dans le sud de l’Espagne. D’autres amphores pouvaient transporter du garum, une sauce romaine à base de poisson fermenté.
Îlot de la Charpenterie, Orléans (Loiret), 2014. ©Myr Muratet, Inrap
Villes, villages et domaines ruraux
En Gaule romaine, la population vit et travaille surtout dans des agglomérations, chefs-lieux de cités ou villes à vocation commerciale, artisanale ou cultuelle au cœur des terroirs, mais aussi dans de très nombreux domaines agricoles disséminés dans les campagnes.
Espace urbain
Rome a favorisé le développement urbain, soit en fondant des villes nouvelles, soit en embellissant les agglomérations déjà existantes. Chefs-lieux de cités ou simples bourgades, les villes sont le symbole de la romanisation et de la prospérité de la Gaule devenue romaine.
Les soixante agglomérations sont le plus souvent édifiés sur le modèle romain : leur plan est organisé en un quadrillage régulier, structuré par deux axes : le cardo (voie nord-sud) et le decumanus (voie est-ouest) à la croisée desquels on trouve généralement le forum, les bâtiments administratifs et les monuments dédiés aux spectacles, comme le théâtre et l’amphithéâtre. Le théâtre « gallo-romain » combine les caractéristiques de ces deux monuments. Peut-être par souci d’économie, cette innovation illustre avec éclat l’inventivité des Gallo-Romains et nous renseigne sur la vitalité de leurs pratiques culturelles jusque dans les villes les plus excentrées. En Gaule romaine du Nord, une soixantaine de ces « théâtres-amphithéâtres » ou « théâtres mixtes » ont à ce jour été répertoriés ; celui de Lutèce en est un exemple.
La plupart des villes gallo-romaines ne possèdent pas de murs d’enceinte. Lorsqu’elles en disposent pour des raisons militaires, cela est considéré comme une marque de haute reconnaissance accordée par l’Empereur pour remercier la ville de sa fidélité. C’est notamment le cas de la ville d’Autun (Saône-et-Loire) fondée par l’empereur Auguste afin de concurrencer le rayonnement de la ville de Bibracte dont la population finit par être transférée à Autun.
Par ailleurs, bourgades, villages ou hameaux sont répartis sur le territoire des cités. Ces agglomérations secondaires, parfois désignées sous le nom de vicus, concentrent la plus grande part de la population gallo-romaine.
Le long des routes, à distance régulière, de petits hameaux constitués de modestes maisons identiques accolées les unes aux autres permettent aux voyageurs et commerçants de marquer une halte, éventuellement de changer de chevaux ou de trouver asile pour la nuit. D’autres relais routiers, plus vastes et organisés autour d’une cour, proposent gîte et couvert aux gens de passage : ce sont les mansionnes (pluriel de mansio en latin).
Espace rural
Grâce aux fouilles réalisées sur de vastes surfaces depuis les années 1990, l’espace rural gallo-romain se révèle densément peuplé, exploité et cultivé. La technique de la photographie aérienne montre des vestiges de domaines agricoles, plus ou moins vastes, ponctuant tous les 400 ou 500 mètres l’ensemble des grandes plaines, vallées et plateaux du territoire français.
Déjà largement présent avant la conquête romaine, l’habitat rural gallo-romain se diversifie. Les anciennes propriétés agricoles gauloises sont redistribuées et réorganisées. Certains territoires font l’objet d’un cadastrage qui permet d’identifier les propriétaires et, par conséquent, de les taxer.
De plus, un nouveau modèle de domaine agricole émerge. De taille variable, au luxe parfois imposant, la villa comporte à la fois des bâtiments d'exploitation, des fabriques artisanales et les habitations des propriétaires et de la main-d’œuvre. Située au cœur d’une exploitation cultivée appartenant généralement à de riches propriétaires fonciers, la villa est le centre névralgique de la vie rurale et agricole du terroir environnant. Les exploitations les plus importantes se spécialisent dans les productions destinées à la vente : blé, vin et huile dans le midi, céréales et élevage dans le nord.
Réseau routier
Si les Romains créent de nouveaux axes de circulation, ils réaménagent également certaines voies gauloises. Un réseau de 90 000 km relie ainsi les villes aux villae, permettant un important trafic commercial, mais aussi une grande vitesse de déplacement pour la population et pour les troupes.
Vue en coupe d'un égout situé sous la rue romaine bordant au nord-est l'îlot fouillé. Le fond dallé est pris dans la maçonnerie et une arrivée d'eau en terre cuite est bien visible dans le mur ouest (à droite sur la photo). Cet égout appartient à l'équipement public créé lors de la fondation de la ville.
Faubourg d'Arroux, Autun (Saône-et-Loire), 2010. ©Denis Gliksman, Inrap
Orchestra, Ier-IIe s. de notre ère. L'orchestra, en forme d’hémicycle, permettait aux notables d’assister au spectacle du théâtre romain sur un gradin d’honneur les séparant du reste des spectateurs.
Le Moulin brûlé, Estrées-Saint-Denis (Oise), 2014. ©Samuel Guérin, Inrap
Proposition de restitution de la villa de Beaudisson, IIe-IIIe s. de notre ère. On aperçoit au premier plan l’enclos funéraire de la villa puis un ensemble trois structures : la grange, le porche et l’étable avant de voir au fond, le bâtiment résidentiel.
Beaudisson, Mer (Loir-et-Cher), 2011. ©Yann Couvin, Inrap
Habitats
La plupart des villes offrent des exemples d’architectures raffinées, sur le modèle des demeures romaines « classiques ». Toutefois, un grand nombre de maisons modestes sont toujours construites en bois et torchis.
Les riches Gallo-Romains importent très vite les techniques de construction italiennes. Architectes, artistes et ouvriers spécialisés sont probablement venus d'Italie pour former une main-d'œuvre locale. De nouveaux matériaux et de nouvelles techniques de construction apparaissent : pierre de taille équarrie, maçonnerie à base de mortier, briques et tuiles de fabrication quasi industrielle, enduits et placages de marbre, mosaïques, peintures murales et fresques… Les premières vitres apparaissent au Ier siècle de notre ère. Les archéologues en retrouvent des fragments dans les riches demeures et dans certains bâtiments publics ou villae rurales. Autant de nouveautés qui viennent rompre avec les traditions gauloises, mais dont la population profite inégalement selon ses moyens financiers.
La domus, demeure privilégiée
L’archéologie a révélé des domus dans la plupart des villes de la Gaule romaine. Bâties pour les Gallo-Romains les plus riches, ces confortables habitations à cour centrale parfois bordée de colonnades (le péristyle) disposent de chambres, d’une cuisine et d’une salle à manger (triclinium). Certaines sont entourées de vastes jardins, y compris en pleine ville, comme celles découvertes à Vaison-la-Romaine (Vaucluse). Les plus spacieuses et les plus cossues sont parfois équipées de thermes privés chauffés. Ainsi, les vestiges d’une vaste demeure aristocratique découverte à Auch (Gers) en 2017 révèlent la présence d’un bâtiment thermal, long de 28 mètres et large de 10 mètres, abritant au moins trois pièces chauffées par le sol (ce que les archéologues appellent les hypocaustes rayonnants) et agrémentées de mosaïques polychromes.
La villa, domaine agricole
La villa est un élément phare du paysage des campagnes gallo-romaines. Cette grande ferme, située au cœur d’un domaine cultivé, appartient généralement à de riches propriétaires fonciers et cumule des fonctions de résidence et de production. Son architecture reflète deux aspects : d’une part, la maison du propriétaire, dite pars urbana, et d’autre part, les granges, écuries, étables, ateliers et remises, appelés pars rustica. La taille et le niveau de confort de la villa sont variables. Certaines, étendues sur plusieurs milliers de mètres carrés, s’apparentent à de véritables palais (villa urbana). D’autres, très modestes, ne comportent que quelques bâtiments. La partie résidentielle (pars urbana) peut parfois être équipée de vastes thermes fastueusement décorés comme ceux qui ont été découverts à Langrolay-sur-Rance (Côtes-d’Armor).
Toutefois, les villae gallo-romaines ne sont pas de strictes imitations du modèle italien. Nombre d’entre elles présentent une organisation spatiale héritée des fermes gauloises antérieures à la conquête, caractérisée par la dispersion des bâtiments autour d'une cour centrale (villa rustica). Les différences notées par les archéologues suggèrent de très nombreuses spécificités régionales.
Décoration des murs et des sols
L’art des peintures murales se manifeste dans toute la Gaule romaine, aussi bien dans les maisons et villae que dans les bâtiments publics, temples, thermes et boutiques. Suivant le statut de l’édifice ou la richesse du propriétaire, les décors vont du simple panneau coloré au somptueux décor végétal, en passant par les scènes de personnages, les portraits… À Chartres (Eure-et-Loire), les vestiges d’une fresque découverte place des Épars prouvent l’habileté des peintres pour le dessin figuratif. Mettant en scène une procession de personnages officiels grandeur nature, elle livre également une représentation exceptionnelle du visage d’un Empereur, comme l’indiquent la couronne de laurier et le manteau rouge bordeaux caractéristiques de la fonction.
Les décors muraux se répartissent généralement en trois panneaux, du bas vers le haut : la plinthe, le panneau médian et la frise supérieure. Dans les riches maisons gallo-romaines, les plafonds sont également ornés de décors peints. Plafonds et voûtes peuvent aussi comporter des frises en stuc pour compléter les peintures.
Les décors sont l’œuvre de peintres, peut-être venus d’Italie pour certains, mais très probablement d’artisans et artistes gallo-romains pour la majorité d’entre eux, formés aux techniques romaines. S’ils suivent l'influence de l’esthétique italienne, les Gallo-Romains n’en créent pas moins des factures et des styles originaux, comme le décor à candélabres. Les couleurs vives, issues de pigments naturels, sont appliquées selon la technique de la fresque.
Revêtir le sol
Les sols des riches demeures et de certains bâtiments publics sont dallés de marbre, de calcaire ou d’autres matériaux souvent provenant de loin. Les pièces d’apparat sont pavées de mosaïques, comme celles de la fastueuse domus de l’avenue Jean Jaurès à Nîmes (Gard), d’une surface estimée de 950 m2 et appartenant probablement à un membre de l’élite municipale. Ses grandes mosaïques illustrant deux épisodes de la mythologie grecque montrent le rôle pédagogique de ces décors destinés à célébrer et à transmettre la culture grecque et romaine en famille ou entre amis.
Si certaines mosaïques sont de grandes compositions en couleur représentant des scènes mythologiques, de chasse ou de la vie quotidienne, d’autres, moins figuratives, intègrent des décors géométriques et, parfois, sont même simplement bicolores (généralement en noir et blanc).
Des fouilles réalisées en 2017 à Uzès (Gard) ont mis au jour les fondations d’un bâtiment dont la colonnade évoque un édifice public et qui a révélé un sol au décor mixte dans une salle de 60 m2. Son pavement mosaïqué complexe associe des motifs géométriques à des représentation figuratives (hibou, canard, aigle et faon).
Vue d'ensemble d'une domus en cours de fouille, 2nde moitié du IVe s. de notre ère. Au moins trois pièces chauffées par le sol (les hypocaustes rayonnants) sont agrémentées de mosaïques polychromes différentes de style aquitain.
Rue Augusta, Auch (Gers), 2017. ©Jean-Louis Bellurget, Inrap
Thermes reconstituées par photogrammétrie, v. IIIe s. de notre ère. Les murs et les plafonds, exceptionnellement conservés, étaient ornés de peintures, notamment des enduits à incrustations de coquillages, caractéristiques d'Armorique.
Sur les Vaux, Langrolay-sur-Rance (Côtes-d’Armor), 2016. ©Emmanuelle Collado, Inrap
Mosaïque de Penthée, IIe s. de notre ère. Penthée, roi de Thèbes, s’est opposé au culte de Dionysos et a épié les rites de ses Bacchantes. Ces dernières assistent ici à sa mise à mort par sa propre mère, Agavé, qui abat sur lui son thyrse. Il s’agit de la seule représentation en mosaïque connue de ce thème.
Parking Jean Jaurès, Nîmes (Gard), 2007. ©B. Houix, Inrap
Nettoyage du pavement de la salle mosaïquée antique d'Uzès. Deux vastes mosaïques sont ornées de motifs géométriques (postes – motif ornemental formé d’enroulements se reliant de façon continue –, méandres, svastikas) qui encadrent deux médaillons centraux formés de couronnes, de rayons et de chevrons. Un des médaillons (en haut) est entouré de quatre animaux polychromes : hibou, canard, aigle et faon.
Ancienne gendarmerie, Uzès (Gard), 2017. ©Denis Gliksman, Inrap
Détail d'un visage provenant d'un décor peint de deuxième style pompéien (Ier s. avant notre ère), découvert dans une domus à Arles.
La Verrerie de Trinquetaille, Arles (Bouches-du-Rhône), 2015.© Rémi Bénali, Inrap, Musée départemental Arles Antique, Inrap
Artisanat
Les artisans occupent une place importante dans la société gallo-romaine. Grâce à leurs productions, la Gaule romaine assoit son économie dans de nombreux domaines.
Toutes les catégories d’artisans sont représentées : métiers du bois (bûcherons, charpentiers, fabricants de meubles, tonneliers), métiers de la pierre et de la construction (carriers, tailleurs, maçons, stucateurs et mosaïstes, fabricants de tuiles) mais aussi forgerons, plombiers, bronziers et orfèvres, potiers et verriers, artisans du tissu et du cuir (tisseurs, foulons, tailleurs, tanneurs, bourreliers et selliers).
Les artisans sont souvent regroupés en corporations ou en collèges professionnels dans les cités, la législation romaine exigeant toutefois qu’ils soient d’utilité publique. Des corporations existent tant pour l’habillement et la poterie que pour le bâtiment, les charpentiers, les dendrophores qui exploitaient les forêts, ou encore les armateurs ou les négociants, comme en attestent diverses inscriptions.
Le travail de boucherie et l’artisanat de l’os (tabletterie) ou du cuir, pratiqués essentiellement dans les villes, sont bien documentés. Les tabletiers travaillent l’os pour confectionner de nombreux objets de la vie quotidienne (cuillères, manches d’outils ou d’instruments, épingles et aiguilles…), mais aussi toutes sortes de petites plaques, gravées ou sculptées, servant à décorer meubles, coffres et coffrets, vêtements ou éléments de harnachement. Les activités liées à la construction (fabrication de tuiles ou de chaux pour le mortier, carrières de pierre, etc.) ou à l’extraction et la transformation des minerais sont aujourd’hui mieux connues.
Sous l’occupation romaine, l’expression artisanale et artistique se développe naturellement sur la base des modèles italiens mais s’ouvre également à des créations originales mêlant traditions et influences. L’art céramique et l’art verrier sont de bons exemples de l’influence italienne.
Les potiers italiens apportent de nouvelles techniques de fabrication à Lyon dès la fin du Ier siècle avant notre ère. Ils y produisent les toutes premières sigillées gallo-romaines, avant de s’installer dans le Midi, à la Graufesenque près de Millau (Aveyron), pour y fabriquer des milliers de « services de table » qui s’exportent dans toute la Gaule et l’Empire. La sigillée est une vaisselle luxueuse, d’un rouge vif et brillant. Parallèlement, une vaisselle de couleur claire ou sombre reste bon marché car elle est produite localement, dans de nombreux villages et aux abords des villes. Dans le Massif central, près de Lezoux (Puy-de-Dôme), les potiers créent un nouveau style de sigillées ornées d’animaux, de scènes de mythologie ou de chasse. Enfin, la Narbonnaise, au sud, regroupe de nombreux ateliers spécialisés dans la production d’amphores, destinées au transport et au stockage du vin et de l’huile. Dans les mêmes ateliers, on fabrique aussi des tuiles. De véritables complexes artisanaux ont été retrouvés, combinant carrières d’argile, bassins de décantation, ateliers de fabrication et de tournage, aires de séchage, et gigantesques fours pouvant contenir près d’un millier d’amphores ou de tuiles.
D’habiles artisans verriers italiens s’installent également sans tarder en Gaule romaine et importent la technique du verre soufflé, développé au Ier siècle dans leur pays. On trouve des témoins de leur activité dans toutes les villes importantes : bouteilles de toutes sortes, pots, vases, coupes, verres, gobelets et flacons offrent des décors, des couleurs et des formes très variés.
Fouille d'une structure liée à l'artisanat de la poix. Elle était utilisée pour l’enduisage des amphores et des vases, le calfeutrage des cales des bateaux ou des tonneaux de bois, l’enduisage des gréements, en particulier des cordages, le « poissage » des toiles, éclairage, parfum, etc. Les indices et les faits liés à l’artisanat de la poix sont si nombreux sur le site d’Audenge, qu’ils ne peuvent découler d’une simple activité artisanale. Il est possible d’envisager la naissance d’une corporation répondant à un nouveau marché ou en tout cas à son essor.
Maignan, Audenge (Gironde), 2009. ©L. Wozny, W. O’Yl, Inrap
Vaisselle de table en céramique sigillée, au vernis rouge brillant et aux motifs ornementaux, Ier-IIe s. de notre ère.
Sites du lycée Saint-Euverte et du Prieuré de la Madeleine à Orléans (Loiret), 2014. ©Myr Muratet, Inrap
Coupe hémisphérique moulée, troisième quart du IIe siècle de notre ère. Découverte dans un bûcher, près de l'atelier de potiers, elle arbore un décor à métopes qui fait appel à différents types figurés et végétaux. De gauche à droite, il est possible de reconnaître un oiseau au centre de plusieurs cercles concentriques, puis Diane chasseresse assise sous un lièvre, un militaire au-dessus d'une tête du dieu Pan et enfin un satyre au-dessus d'un couple de dauphins.
Lezoux (Puy-de-Dôme), 2010. ©Marie-José Henry, Inrap
Objets en verre d’une tombe de guerrier, IVe-Ve s. de notre ère. Ils servaient à la consommation ou au service de la boisson. Les archéologues retrouvent souvent ces objets dans des habitats ou des sépultures pour la période de la fin de l'Antiquité dans la Gaule du nord.
Saint-Aubin-des-Champs, Evrecy (Calvados), 2014. ©Serge Le Maho, Inrap
Culture matérielle
La période gallo-romaine livre un abondant mobilier archéologique qui traduit des productions en nombre – et souvent en série - dans tous les domaines de la vie quotidienne, ainsi qu’un réseau d’échanges florissant et bien structuré.
Vaisselle
Villes et habitats ruraux produisent quantité de vaisselle céramique fine, telle la sigillée, ou de la vaisselle commune, fabriquées dans des ateliers spécialisés répartis sur tout le territoire. Il peut s’agir de véritables « services de table », mais aussi de cruches, de bols et de pots destinés au stockage ou au transport de denrées. On dispose également de vaisselle de verre, voire de bronze ou d’argent dans les familles aisées, ainsi que de très nombreux objets en métal, os, bois… En 2009, des fouilles menées à Reims ont permis la découverte d’une cave antique qui recelait un ensemble d'argenterie gallo-romaine des IIe-IIIe siècles de notre ère.
Mobilier domestique
Tables, lits, coffres et armoires sont fabriqués en bois ou en vannerie. Ces matériaux ne sont que rarement préservés par le temps, contrairement aux pièces métalliques comme les charnières et les serrures ou à certains éléments décoratifs en bronze, en os, en ivoire ou en verre. Une partie du mobilier est parfois réalisée en maçonnerie (banquettes, lits de salle à manger ou étagères).
Divers types de sièges existent : tabourets, bancs, chaises et fauteuils. Leur confort peut être amélioré par des coussins. Les tables, rondes et basses ou hautes et rectangulaires, sont habituellement en bois, décorées de marqueterie pour les plus riches, mais on en trouve aussi en fer, en bronze ou en marbre.
Les lits sur lesquels on s’allonge pour prendre les repas sont souvent de véritables objets d’apparat. Ils sont alors ornés d’éléments en bronze, plus rarement en os ou en ivoire, et recouverts de matelas et de coussins.
Pour le rangement, on emploie surtout des coffres de différentes tailles, généralement décorés. Dans certaines maisons, les biens précieux ou les archives de famille sont placés dans une armoire. Coffres et armoires sont fermés par des serrures aux mécanismes parfois complexes.
Vêtements et parures
L’habillement nous est connu grâce à des découvertes en contexte humide (qui permet la conservation des tissus), mais surtout par les représentations sculptées (stèles funéraires, piliers, monuments…).
Les vêtements, en particulier les manteaux ou les toges, que portent aussi bien les hommes que les femmes, sont maintenus par des fibules. Ce sont des sortes de broches, parfois confectionnées en argent ou même en or, aux formes très variées et diversement décorées. Dès le IIe siècle de notre ère, avec la généralisation des vêtements cousus, les fibules ne conservent plus qu’une fonction ornementale.
Hommes, femmes et enfants portent des bijoux : bagues, bracelets, diadèmes, colliers, boucles d’oreille. Les femmes possèdent parfois des clés bagues, servant à ouvrir de petits coffrets où sont conservés bijoux et effets personnels ou précieux. Des matériaux de toute nature entrent dans la fabrication des bijoux : bois, os ou ivoire, pierre (pierres précieuses, jais), terre cuite, pâte de verre ou métal (fer, bronze, argent, or). Les bagues peuvent être serties d’intailles en pierres précieuses (cornaline, jaspe, agate, onyx) ou en verre, sur lesquelles sont finement gravés des personnages, des animaux, des objets, des scènes mythologiques ou des inscriptions.
Soin et toilette
Les Gallo-Romains utilisent des objets de toilette identiques à ceux d’aujourd’hui, comme les miroirs ou les pinces à épiler. De petits nécessaires de toilette en bronze comprennent pince à épiler, spatule et cure-dents ou cure-oreilles.
Le peigne est un accessoire quotidien, utilisé par tous. Il est en général à double rangée, dont l’une comporte des dents fines et serrées.
Les hommes portent le plus souvent la moustache et la barbe, comme le montre la majorité des représentations, surtout dans le nord de la Gaule. La barbe est taillée avec de petites forces en fer équivalant à nos ciseaux. Quelques rasoirs en métal ont aussi été découverts.
Dépôt de vaisselle de bronze revêtu d’une tôle d’argent, IIe-IIIe s. de notre ère. Ce dépôt compte deux plats ronds, deux plats ovales, une coupe, un plat rond contenant une coupelle retournée et quatre cuillères d'argent et de bronze.
Reims (Marne), 2009. ©Denis Gliksman, Inrap
Poignée, Ier-IIIe s. de notre ère. En alliage cuivreux, cette poignée représente un écureuil et a été retrouvée dans la pars urbana de la villa de Le Guéren, Conthil (Moselle).
Conthil (Moselle), 2009, © Agnès Charignon, Inrap
Fibule zoomorphe, Ier-IIe s. de notre ère. Retrouvée dans une villa gallo-romaine, cette fibule représente un animal marin (un dauphin ?) en alliage cuivreux et émail.
Labergement-Foigney (Côte-d'Or), 2012. ©Denis Gliksman, Inrap
Mobilier issu de la fouille d'un riche dépôt funéraire à Alba-la-Romaine : des vases en céramiques, des balsamaires en verre, deux miroirs, une bague en or, deux miniatures en plomb, un jeton en os brulé et des éléments en os brûlé d’un volumen.
Rue de la grande terre, Alba-la-Romaine (Ardèche), 2020. © Denis Gliksman, Inrap
Peigne et son étui en bois de cerf, IVe-Ve s. de notre ère. Ce modèle de peigne, répandu en Germanie et dans les régions nord de la Gaule, est orné sur les côtés de têtes de chevaux et en façade de divers motifs géométriques gravés.
Parc d'activités économiques intercommunal, Obernai (Bas-Rhin), 2013. ©Denis Gliksman, Inrap
Épingles en ambre du IVe siècle mises au jour au sein d'une sépulture antique.
Il s’agit d’un ensemble exceptionnel qui ne connaît pas ou peu de comparaisons dans le monde romain.
Saint-Pierre l'Estrier, Autun (Saône-et-Loire), 2020. © Denis Gliksman, Inrap
Traitement des morts
Inhumation et incinération coexistent. Le rite de la crémation domine largement au cours des deux premiers siècles de notre ère. À partir du IIIe siècle, l'inhumation devient la règle, sans doute sous l'influence du christianisme.
Dans le cas d’une incinération, le corps est déposé sur un bûcher à ciel ouvert, accompagné d’objets personnels (vêtements, bijoux) et de récipients contenant des aliments. Durant la crémation, des plantes aromatiques et des parfums contenus dans de petites fioles sont jetés dans le feu. Les ossements recueillis sont placés dans une urne que l’on dépose dans une fosse, en même temps qu’une partie des objets brûlés. Il peut s’agir d’une urne en plomb, d’un simple vase en céramique ou en verre, et parfois d’un coffret en bois.
Lorsque le défunt est inhumé, il est souvent placé dans un cercueil en bois. Les coffres de tuiles, les sarcophages en pierre ou en plomb n’apparaissent que tardivement.
Des offrandes peuvent être déposées dans la fosse qui reçoit les restes du bûcher ou dans le cercueil. Il s’agit de céramiques, d’objets en verre ou en métal, de bijoux lorsqu’il s’agit d’une femme. Plus rarement, des traces indiquent des offrandes alimentaires ou des objets en vannerie, en cuir, en bois ou en tissu.
Les nécropoles urbaines antiques sont généralement situées le long des axes de communication, à l'extérieur de la ville comme l'exige la loi romaine. Bornées par un fossé, une palissade ou des murs, on y trouve parfois de petits enclos funéraires individuels. L’emplacement des tombes est indiqué par une stèle en pierre ou en bois, un simple tertre de pierre ou de terre ou, pour les plus riches, par un édicule ou un mausolée.
Des épitaphes, inscriptions funéraires dédiées aux morts, sont gravées sur les mausolées ou les stèles. En lettres capitales, elles utilisent diverses abréviations et formules usuelles. Ces inscriptions débutent le plus souvent par une dédicace aux Dieux Mânes (« Diis Manibus », parfois abrégée en DM), protecteurs des morts, ainsi qu’à la mémoire du disparu dont le nom et la filiation sont indiqués. Ces épitaphes permettent d’évaluer le degré de romanisation de la population en observant par exemple le maintien de noms à consonance gauloise. Elles renseignent aussi souvent sur le métier pratiqué par le défunt (forgeron, charpentier, sabotier, marchand…) ou bien sur les membres composant sa famille.
À Autun (Saône-et-Loire), deux cents stèles funéraires, complètes ou fragmentaires, ont été mises au jour en 2004 lors de la fouille d'une nécropole. Cette découverte a une portée scientifique de premier ordre puisqu’il est extrêmement rare de découvrir des stèles encore associées à leurs fosses d’inhumation d’origine.
Régulièrement, le culte rendu aux morts se concrétise par des repas pris en famille directement sur le lieu de sépulture ou donnés à l’occasion de fêtes publiques, les parentalia (qui ont lieu du 13 au 21 février). On pratique également des libations qui consistent à répandre un liquide (huile, vin…) sur la tombe.
En 2019, une nécropole mise au jour à Narbonne (Aude), ancien carrefour économique et capitale de la province de Narbonnaise, a livré trois cents sépultures ainsi que les nombreux dépôts funéraires qui leur étaient associés. Le milieu humide, dû à la proximité avec l’Aude, a permis de conserver des objets généralement périssables (offrandes alimentaires, vanneries, etc.) qui renseignent non seulement sur l’évolution des pratiques funéraires à travers le temps, mais aussi sur certains gestes rituels, rarement appréhendés par les archéologues.
Dépôt funéraire d'une sépulture à crémation de la nécropole gallo-romaine de Quimper, Ier-IIe siècles de notre ère. Près de 140 sépultures à crémation ont été mises au jour, parmi lesquelles on recense des dépôts simples (urne seule) et doubles (deux urnes), parfois accompagnés de mobilier (vases, gobelets, céramiques miniatures, objets en alliage cuivreux, monnaies…), l’ensemble pouvant être recouvert par des couvercles en bois dont ne subsistent que les clous d’assemblage.
Mont-Frugy, Quimper (Finistère), 2019. ©Olivier Morin, Inrap
Vue de l'intérieur du coffrage en tuiles de la tombe à libations, Ier-IIIe s. de notre ère. Une jeune femme y est inhumée avec deux pièces de monnaie en bronze, expression du rite de « l'obole à Charron ».
Genestel, Portbail (Manche), 2012. ©Dominique Corde, Inrap
Stèle de la nécropole de Pont-l’Evêque, 1ère moitié du IIe s. L’individu tient un gobelet et un outil semblable à un têtu de carrier. Son nom est gravé sur le bandeau supérieur et on distingue les D et M de la formule Diis Manibus, « Aux dieux mânes ».
Autun (Saône-et-Loire), 2004. ©Loïc de Cargouët, Inrap
Conduit à libation de la nécropole antique de Narbonne, Ier-IIe s. de notre ère. Ce site a aidé à appréhender certains gestes rituels dans le cadre du culte mémoriel, via des offrandes en l’honneur des défunts au travers de ce type de conduit ou de repas consommés dans les enclos.
Narbonne (Aude), 2019. ©Denis Gliksman, Inrap
Cruches en céramique trouvées dans les sépultures de la nécropole antique de Narbonne, Ier-IIe s. de notre ère. Elles témoignent de l'importance des offrandes liquides (de vin ?) et étaient parfois déposées à l'envers dans les tombes.
Narbonne (Aude), 2019. ©Denis Gliksman, Inrap
Ailleurs dans le monde
753 avant notre ère : fondation de Rome
405 avant notre ère : adoption de l’écriture chinoise par la civilisation japonaise
290 avant notre ère : construction de la Bibliothèque d’Alexandrie en Égypte
273 avant notre ère : apparition et généralisation de l’hindouisme en Inde
De 200 à 100 avant notre ère : invention et développement de l’écriture hiéroglyphique maya
146 avant notre ère : destruction de Carthage par les Romains
145 avant notre ère : La Grèce devient romaine.
100 avant notre ère : rédaction du premier dictionnaire chinois
44 avant notre ère : assassinat de César par Brutus
30 avant notre ère : suicide de Cléopâtre (10 août) et annexion de l'Égypte à l'Empire romain
27 avant notre ère : accession d’Auguste au pouvoir et début de l’Empire
43 : L’empereur Claude annexe le sud de la (Grande) Bretagne à l’Empire.
61-63 : expédition romaine sous le règne de Néron à la recherche des sources du Nil
70 : Pline l’Ancien écrit son Histoire naturelle.
70 : À l’exception du territoire des Pictes et des Gaëls au nord (Écosse actuelle), toute la (Grande) Bretagne est sous domination romaine.
79 : éruption du Vésuve et destruction des villes de Pompéi et Herculanum.
100 : Une ambassade arrive d’Inde auprès de l’empereur Trajan.
120 : Une ambassade arrive de Chine auprès de l’empereur Hadrien. Une exploration est lancée par des géographes et des militaires romains en Extrême-Orient et peut-être jusqu’en Chine.
De 122 à 127 : Construction du Mur d’Hadrien, fortification qui traverse l’Angleterre et marque la frontière nord de la province romaine de Bretagne.
150 : Une ambassade arrive d’Inde auprès de l’empereur Antonin le Pieux.
166 : Une ambassade de marchands « romains » (peut-être des Syriens) est mentionnée dans les sources chinoises.
256 : défaite romaine à Barbalissos contre les Perses
269 : incendie de la Bibliothèque d’Alexandrie
374 : Attila et les Huns déferlent sur l’Europe.
Ressources complémentaires
Une sélection de ressources audiovisuelles et multimedia pour approfondir ses connaissances sur l'Antquité