Époque moderne
Politique
Entre les deux crises profondes que sont les guerres de Religion (XVIe siècle) et la Révolution française (fin XVIIIe siècle), la France moderne amorce une profonde transformation de ses institutions.
À partir de 1559, 70 années de guerre civile accablent la France. Des affrontements entre factions catholiques et protestantes plongent les 20 millions d’habitants du pays dans un climat d’intolérance et de violence. Dites « de religion », ces guerres sont, en réalité, tout autant motivées par des tensions idéologiques que favorisées par l’instabilité politique et dynastique.
Les règnes d’Henri IV puis de Louis XIII, sous la houlette de Richelieu dans les années 1630, constituent des phases de réaffirmation de l’autorité monarchique. Cette dernière passe notamment par de lourdes opérations militaires, comme en témoignent, les réseaux de fortifications du siège de la Rochelle (1627-1628) destiné à reprendre le contrôle de ce bastion protestant soutenu par l’Angleterre.
À partir du règne de Louis XIV, un pouvoir et un État centralisateurs émergent. Rationalisation des administrations et des pratiques militaires ainsi qu’élargissement territorial vont réformer la France, en changer les habitudes et les contours géographiques. Les grands programmes de transformation des fortifications de type Vauban, comme celles de Lille ou Metz, témoignent de stratégies d’expansion puis d’assimilation des territoires limitrophes nouvellement conquis (Lorraine, Flandres, Franche-Comté), en particulier au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle. De plus, les progrès de l’artillerie sont lisibles à travers l’adaptation des fortifications urbaines qu’ils ont entraînée.
D’autres vestiges, comme ceux du Fort Saint-Sébastien à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), camp de préparation des troupes d’élite de Louis XIV constitué de fortifications en terre et en bois qui permettait de simuler le siège et la prise de places fortes, documentent les modes de vie de la société militaire sur les sites d’exercice ou dans les campements des troupes en déplacement.
La fouille de charniers, comme celui de la bataille du Mans des 12 et 13 décembre 1793 entre l’armée catholique royale (Vendéens) et les troupes républicaines, livre d’autres indications sur les guerres de l’Ancien Régime. Qu’il s’agisse de civils ou de militaires, leurs conditions d’inhumation, dans l’urgence et sans ménagement, permettent notamment de comprendre la gestion de la mort en temps de crise (dépôts hâtifs ou organisés, respect des rites chrétiens…) ainsi que le traitement réservé aux vaincus.
La guerre menée par la monarchie militaire de Louis XIV contre les grandes puissances européennes draine les ressources de l’État et pèse lourdement sur la population. Au raffinement de la société de cour des Bourbons s’opposent la pauvreté et le dénuement du plus grand nombre.
Carte des environs de La Rochelle, 1628. En rouge, le fossé de 12 km qui ceinturait le siège de La Rochelle et qui a été fouillé par Pierrick Fouéré en 2019.
Les Cottes Mailles, Aytré (Charente-Maritime), 2019. ©Inrap
Vestiges de l’arsenal, XVIIe siècle. Dunkerque est rachetée par le royaume de France durant la seconde moitié du XVIIe siècle pour en faire l’un des cinq arsenaux royaux de la façade maritime Manche/Atlantique. Le but est de fournir des navires capables d’alimenter les escadres dédiées à la guerre de course contre les ennemis de l’époque, principalement les Britanniques et les Hollandais.
École du parc de la Marine, Dunkerque (Nord), 2020. ©Inrap
Fort Saint-Sébastien, XVIIe siècle. Les vestiges de ce camp d’entrainement des troupes de Louis XIV à la guerre de siège, ont permis d’éclairer sous un jour nouveau les complexes préparatifs de la guerre de Hollande. Ici, les mottes d’argile composent un parement destiné à éviter l’érosion et à absorber les chocs des boulets de canon.
Fort Saint-Sébastien, Plaine d'Achères, Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), 2012. ©Séverine Hurard, Inrap
Charnier contenant des victimes de la bataille du Mans (12 et 13 décembre 1793). Le 10 décembre 1793, l’armée catholique et royale s’empare du Mans. Les troupes républicaines reprennent la ville les 12 et 13 décembre : 2 000 à 5 000 Vendéens perdent la vie dans cette bataille. Les corps retrouvés dans les charniers du Mans appartiennent probablement à l'armée catholique et royale.
Fouille du Théâtre des Jacobins, Le Mans (Sarthe), 2010. ©Hervé Paitier, Inrap
Religions
Le début de la période Moderne est marqué par un large mouvement de Réforme, c’est-à-dire de rupture avec l’Église catholique.
Entre les années 1517 et 1536, les courants protestants luthériens et calvinistes voient le jour et connaissent un succès certain en Europe. Par ailleurs, en Angleterre, la scission entre l’Église d’Angleterre et l’Église catholique romaine donne naissance à l’Église anglicane en 1534. En France, et plus largement en Europe, les protestants sont particulièrement stigmatisés. Fondées aussi bien sur des tensions idéologiques que sur des tensions dynastiques et politiques, les guerres dites « de religion » agitent toute la seconde moitié du XVIe siècle. Cette série de conflits opposant catholiques et protestants aboutit à la révocation de l’Édit de Nantes en 1685 et mène à l’interdiction du culte protestant. Cette communauté subit alors un exil massif, notamment vers les pays du Nord et de l’Est de l’Europe.
À la même période, l’ordre catholique jésuite, créé en 1534, se donne pour mission l’évangélisation en Europe, en Extrême-Orient, mais aussi en Amérique latine. Les Jésuites seront bannis du royaume de France en 1763.
La présence de ces divers courants religieux peut être identifiée par l’archéologie à travers les choix de décors architecturaux, mais aussi de l’agencement des espaces, des lieux de stationnement ou de circulations (nef, déambulatoire, accès…) inscrits dans les bâtiments en élévation, ruinés ou non. En revanche, peu de vestiges enfouis révèlent les différences liturgiques, si ce n’est grâce à l’archéozoologie capable de déceler, dans d’infimes restes alimentaires, des changements de consommation en lien avec les prescriptions religieuses (consommation de viandes maigres pour les périodes de carême ou de jeûne…).
Très largement héritées du rite chrétien majoritaire, les pratiques funéraires évoluent peu à la période Moderne. Comme au Moyen Âge, les défunts sont généralement enterrés aux abords immédiats des lieux de culte. Un traitement particulier continue d’être réservé aux élites qui sont inhumées au cœur même des lieux sacrés, comme l’attestent les plates-tombes et monuments funéraires dans les églises. Découverte lors d’une fouille au Couvent des Jacobins à Rennes (Ille-et-Vilaine), la sépulture de la Dame de Quengo, femme noble bretonne, apporte un témoignage rare sur les pratiques funéraires de l’aristocratie du XVIIe siècle. Les riches vêtements religieux, exceptionnellement bien conservés, portés par la défunte montrent la dévotion de cette femme qui choisit de se faire inhumer en habit de moniale.
À partir du XVIe siècle, les questions de salubrité et la fréquence des épidémies conduisent à transférer progressivement les cimetières urbains vers la périphérie des villes ou des villages, comme celui dit des « Trois Maisons » créé dans les années 1730 à l’écart de la vieille ville de Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Mise au jour de trois sarcophages en plomb d'époque moderne. Le couvent des Jacobins a servi de lieu d'inhumation entre le XVe et le XVIIIe siècle pour les religieux et pour de nombreux fidèles qui se faisaient enterrer au plus près du tableau de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, oeuvre de dévotion. Plusieurs tombes prestigieuses ont été identifiées dont six sarcophages en plomb, retrouvés principalement dans le choeur de l'église.
Chœur de l'église du couvent des Jacobins, Rennes (Ille-et-Vilaine), 2013. ©Rozenn Colleter, Inrap
Artisanat, commerce
À partir de la fin du XVIe siècle, l’Europe entre dans une phase de proto-industrialisation, préfigurant la Révolution industrielle du XIXe siècle. Adossées à des progrès techniques, la production et la distribution connaissent de considérables changements d’échelle.
L’intensification des productions s’appuie fortement sur la mobilisation d’un artisanat domestique. De grands marchands-fabricants fournissent la matière première à des populations rurales qui trouvent un complément de revenus en confectionnant, chez eux, des produits finis tels que les textiles, la marqueterie, la céramique ou le sucre raffiné. Certaines régions sont entièrement mises au service d’un artisanat et se spécialisent en fonction de la demande. Fréquemment mises au jour par les fouilles explorant les XVIIe et XVIIIe siècles, les pipes en terre cuite fabriquées dans les Flandres inondent les marchés européens. Elles constituent un parfait exemple de l’évolution de ces dynamiques de diffusion de produits de consommation courante.
Par ailleurs, les vestiges de grands ateliers de tuilerie, briqueterie et faïencerie, comme à Rouen (Seine-Maritime), montrent qu’artisanat et modes de production quasi-industriels coexistent.
L’introduction de produits venus du Nouveau Monde (coton, tabac, canne à sucre) stimule les échanges économiques. Certaines fouilles menées à Bordeaux témoignent de l’évolution du tissu urbain et des transformations du port pour faire face à l’intensification du commerce transatlantique et à l’augmentation du tonnage des bateaux. De plus, la diversité des formes des ustensiles de cuisine mais aussi de la vaisselle reflète l’évolution des usages.
La rapide diffusion de produits nouveaux est perceptible à travers les manières de table des élites. Consommation de vins de meilleure qualité, de limonades, de cafés et de chocolats, attrait nouveau pour les végétaux (autres que les légumes racines) tels que haricots verts, asperges ou tomates, rapide entrée dans les mœurs du tabac ou du rhum sont des marqueurs de transformation des usages. Les manières de table deviennent des pratiques de distinction sociale. La population rurale modifie elle aussi ses habitudes alimentaires, mais dans une moindre mesure et selon des processus plus lents.
Fragments de pipes en terre cuite, fin XVIIe siècle. De très nombreux fragments de pipes ont été retrouvés sur le site du Fort Saint-Sébastien, les archéologues s’interrogeant sur l’origine de leur production. De fait, les ateliers français répertoriés les plus proches seraient en Normandie.
Fort Saint-Sébastien, Plaine d'Achères, Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), 2012. ©Jean-Louis Bellurget, Inrap
Pavage de la "chaussée du port" de Bordeaux, construite en 1726 entre le rempart et les atterrissements à l'aide de galets de lest en réemploi. Ces galets ont été utilisés depuis le Moyen Âge afin de stabiliser les berges de la Garonne et d'assainir d'anciennes zones marécageuses.
12 place de la Bourse, Bordeaux (Gironde), 2002-2003 ©Patrick Ernaux, Inrap
Fourchette et cuillères en alliage cuivreux, XVIIe siècle. La fourchette est probablement l’objet le plus emblématique des nouvelles manières de table.
Fort Saint-Sébastien, Plaine d'Achères, Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), 2012. ©Laurent Petit, Inrap
Habitats
Tout au long de la période Moderne, les manières d’habiter à la campagne et en ville présentent de fortes disparités.
Habitat rural
Si les deux tiers de la population vivent à la campagne, simples masures, petits habitats villageois ou riches fermes reflètent des situations sociales très variées. Les communautés rurales se composent à la fois de paysans modestes voire pauvres, de gros fermiers et de notables enrichis, mais aussi de grandes familles seigneuriales dotées de maisons de plaisance et de riches résidences rurales, comme celle du Vassé à Torcé (Ille-et-Vilaine) ou le Manoir de la Ronce à Milesse (Sarthe). Les fouilles archéologiques prouvent que la richesse n’est pas réservée au monde seigneurial ; celle-ci peut toucher aussi bien les franges supérieures de la paysannerie, composées d’acteurs du monde rural vivant comme de petits seigneurs, que les franges supérieures des élites seigneuriales.
La présence d’une cour, d’une laiterie, d’écuries, de plusieurs granges ou d’une cheminée, la séparation de la cuisine indépendante de la pièce à vivre principale, l’existence d’un cellier ou même d’un four à pain sont autant d’indicateurs pour l’archéologue qui cherche à déterminer la hiérarchisation des habitats dans le monde rural. Il en va de même pour les matériaux utilisés (torchis, pierre, ardoise…) ainsi que pour la vaisselle, l’outillage, les éléments du mobilier ou vestimentaires.
Habitat urbain
En ville, les habitats dénotent de fortes disparités sociales puisque cohabitent ouvriers, artisans, bourgeois, commerçants mais aussi notables (avocats, médecins, notaires…) et nobles qui y séjournent ou y occupent des fonctions officielles. Les maisons d’artisans ou de bourgeois, généralement construites sur plusieurs étages, ne livrent à l’archéologie que les parties anciennement creusées (puits, caves, latrines).
Les fouilles mettent également en évidence les dépotoirs, comme celui du heurt de Bouvereul à Rouen (Seine-Maritime). Apparaissant à partir du XVIe siècle du fait de la multiplication des produits vendus, ils livrent de précieuses informations sur les modes de vie et sur les activités artisanales. L’étude des déchets organiques (faune) ou des déchets métalliques, céramiques ou de verre permet de documenter des pans entiers des consommations urbaines. Ces détritus donnent également à comprendre la mise en place des premières politiques d’assainissement des villes en lien avec des préoccupations hygiénistes et l’augmentation des densités urbaines.
Habitat des élites
Tout au long de la période Moderne, les manières de se distinguer adoptées par les élites évoluent et sont notamment influencées, au XVIe siècle, par la Renaissance italienne. En étudiant les transformations architecturales des châteaux et résidences de plaisance, les archéologues décèlent une recherche accrue de confort et d’esthétisme, comme au château de Versailles (Yvelines) où la mise au jour des aménagements successifs des murs de terrasses, adductions d’eau, éléments des premières chapelles, cuisines ou écuries montre une incessante quête de faste comme l’illustre aussi le Jeu de Paume de Louis XIII mis au jour dans la cour du Grand Commun. Richesse des sites, ostentation et sophistication des équipements nourrissent les expressions de la supériorité sociale et la compétition entre élites européennes.
Vue générale du manoir de Vassé, XVIe siècle. La silhouette très élancée et le toit à forte pente en ardoises confèrent à la maison une volumétrie particulière laissant supposer la présence d’un habitat plus ancien. De plus, une des fenêtres et la cheminée à l’étage proviennent d’un autre manoir du XVe siècle et ont été intégrées à la construction du manoir en 1520.
Manoir de Vassé, Torcé (Ille-et-Vilaine), 2013. ©Elen Esnault
Vue verticale d'un des deux bâtiments de la partie résidentielle du manoir de La Ronce, XVIIe-XVIIIe s. Un four à pain et un évier en pierre intégré à la maçonnerie ont été mis au jour dans la cuisine.
La Ronce, La Milesse (Sarthe), 2012. ©Lenaïck Thomain, Inrap
Vue générale de la fouille du heurt de Bouvereul. Le terme "heurt" utilisé pour caractériser le grand dépotoir provient de l’ancien français hourd, c’est-à-dire un tertre où l’on entassait les ordures. C’est ce mot qui est utilisé à Rouen, comme le montre un arrêt du parlement de Normandie au milieu du XVIIIe siècle.
Angle des rues Verte et Pouchet, Rouen (Seine-Maritime), 2012. ©Bénédicte Guillot, Inrap
Sol du jeu de paume construit vers 1630 par Louis XIII. Ce jeu de courte paume, élaboré par l'architecte Philibert Le Roy, se compose d'un jeu et d'un pavillon d'habitation pour le maître paumier, redécouverts lors de cette fouille.
Cour du Grand Commun du château de Versailles (Yvelines), 2007. ©Denis Gliksman, Inrap
Diagnostic archéologique réalisé à Chambord. Fouille et nettoyage des murs-bahuts des écuries provisoires de Louis XIV. Érigées rapidement en 1681, elles occupaient une grande partie de l'espace à l'ouest du château et abritaient 300 chevaux.
Chambord (Loir-et-Cher) en 2012. ©Jean-Louis Bellurget, Inrap
Agriculture
Les transformations progressives mais importantes de l’agriculture et de l’élevage sont soutenues par les progrès techniques et le développement des sciences agronomiques.
Les choix d’exploitation végétale et animale évoluent. À partir du XVIe siècle mais surtout du XVIIe siècle, les échanges entre l’Europe et le Nouveau Monde permettent d’introduire de nouvelles espèces animales (dinde…) et végétales (garance, houblon, maïs, tomate, courgette, etc.). De plus, les techniques agricoles (viticulture, maraîchage, céréaliculture, arboriculture) se perfectionnent grâce aux traités d’agronomie dont les plus célèbres demeurent ceux de Charles Estienne et d’Olivier de Serres, agronomes du XVIe siècle. Largement diffusés grâce à l’imprimerie, ces ouvrages poussent à expérimenter de nouvelles techniques afin de mieux connaître le potentiel des terroirs exploités et d’augmenter les productions, comme le permit, au XVIIIe siècle, l’abandon de la technique de la jachère au profit des cultures fourragères.
Pour les archéologues, cette recherche d’optimisation agricole est perceptible à travers l’étude des formes du paysage (évolution des réseaux de chemins, des découpages de parcelles) ainsi que grâce à l’archéobotanique (analyse des graines et des pollens) et l’archéozoologie (étude des restes de faune). Par exemple, les fouilles de la ferme du Colombier de Varennes-sur-Seine (Seine-et-Marne) ont montré qu’à la production céréalière du XVIe siècle s’ajoute l’élevage des moutons au début du XVIIe siècle, puis la culture d’arbres pour les fourrages au XVIIIe siècle, afin de mieux tirer parti des ressources des terres autour de cette ferme implantée en zone humide.
Les transformations et la fabrication de cet espace vécu comme naturel, alors qu’il est largement transformé et artificialisé, traduisent le nouveau rapport de l’Humain à la nature. Par exemple, les réserves de chasse, les parcs à gibiers et autres faisanderies se multiplient aux XVIIe et XVIIIe siècles.
À partir du XVIIIe siècle, on assiste à la mise en place d’un capitalisme agricole qui constitue déjà une phase de remembrement des espaces ruraux et une recomposition des forces économiques favorisant les grands établissements au détriment des petites fermes, notamment dans les territoires comme l’Île-de-France où la céréaliculture prévaut.
Découverte du Nouveau Monde
L’ouverture des horizons européens vers d’autres continents et d’autres cultures est particulièrement forte à la période Moderne.
La découverte des Amériques en 1492 par les Espagnols initie de profondes transformations des économies s’appuyant sur l’établissement de colonies et le développement d’échanges commerciaux, surtout à partir du XVIIe siècle, une fois passées les phases des grandes explorations. L’impact de la découverte du Nouveau Monde dépasse le commerce transatlantique ; en favorisant des progrès en matière de navigation et de routes commerciales, il bénéficie aussi à l’Orient.
À partir du XVIIe siècle, et après l’extermination des populations amérindiennes aux Antilles, ces nouveaux commerces s’appuient sur l’exploitation d’une main-d’œuvre servile et sur la mise en place d’un esclavage des populations noires d’Afrique.
En Guyane, aux Antilles et à la Réunion, l’implantation des colons prend la forme de grandes exploitations agricoles au sein desquelles sont cultivés canne à sucre, indigo ou tabac. Appelées « habitations-sucreries », elles regroupent les bâtiments résidentiels des maîtres, l’habitat servile et les bâtiments artisanaux. L’archéologie étudie ces habitats et leur territoire, cherchant à montrer les conditions de vie des colons européens comme celles des esclaves qui travaillent sur les plantations. Elle tente de mettre en évidence le métissage entre cultures africaines et européennes (syncrétisme religieux, pratiques culinaires…).
Dans les espaces ultramarins (Guyane, Petites Antilles), les grandes habitations jésuites constituent d’importants gisements pour comprendre l’ancrage de l’ordre catholique jésuite, créé en 1534, venu d’Europe pour évangéliser les populations amérindiennes et les communautés d’esclaves.
La découverte des Amériques entraîne par ailleurs aussi des bouleversements idéologiques. La rencontre du « bon sauvage » et de sociétés dites primitives, mais organisées en dépit de l’absence du christianisme, a clairement pesé dans l’émergence d’une philosophie des Lumières déjà mue au XVIe siècle par des auteurs comme Montaigne, Jean de Léry ou Bartolomé de Las Casas.
Vue générale de la fouille du château Dubuc à La Trinité qui porte sur un secteur d'environ 4000 m2, comprenant des entrepôts, un "cachot", un aqueduc et des terrasses.
Le château Dubuc, La Trinité (Martinique), 2012. ©Anne Jégouzo, Inrap
« Famille d'Indiens du Brésil, avec un ananas », gravure incluse dans l’Histoire d'un voyage de Jean de Léry, 1578. Le mythe du « bon sauvage » correspond à l’idéalisation de l’homme à l’état de nature, nu, innocent, bienveillant, accueillant et vivant dans un paradis terrestre.
©Wikicommons via Wikipédia
Ailleurs dans le monde
En 1492, la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb repousse les limites du monde connu. À l'échelle du reste du monde, les périodes moderne et contemporaine se caractérisent par le passage progressif et cependant très rapide d'un horizon local à un horizon international. À la fin du XVe siècle, la majorité de la population française vit dans un monde rural profondément autarcique. Seule la participation à des expéditions comme celle menée en Égypte en 1797 permet à certains de découvrir d'autres civilisations, d'autres cultures.
La Révolution française propage à travers l'Europe les nouvelles idées (droits de l'Homme, liberté, égalité, fraternité…). Au XIXe siècle, la révolution industrielle provoque des échanges par-delà les frontières. Les deux conflits mondiaux confirment le caractère international des échanges et amènent sur le sol français des hommes et des femmes de nombreuses nations. En 1951, pour éloigner tout risque de guerre sur le vieux continent, la Communauté européenne du charbon et de l'acier est créée, puis ce sera l'Europe des six en 1957.
À l'échelle de la planète, le traité de Yalta, signé en 1945, installe un monde bipolaire, marqué par la menace d'un conflit nucléaire. C'est dans ce contexte que débute la course à l'espace : en 1969, l'homme met le pied sur la lune. En 1989, la chute du mur de Berlin, prélude à la réunification de l'Allemagne et à la fin de l'Empire soviétique, marque la fin de la Guerre froide.
Ressources complémentaires
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