Moyen Âge

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Structure politique et société

Marquée par une fragilisation du pouvoir central, la période voit naître l’ordre seigneurial suivi d’un rétablissement progressif de l’autorité royale sur le royaume de France. 

Chute de l’Empire romain d’Occident
Depuis -52 avant notre ère, la Gaule est romaine. En 476, l’Empire romain d’Occident est dissout suite à des décennies de déstabilisation liées en partie aux grandes migrations de peuples venus de l’est (Francs, Wisigoths, Vandales, etc.). La Gaule est alors divisée en royaumes dits barbares : les Francs au nord, les Burgondes à l’est, les Wisigoths dans le sud et le sud-ouest. Ces populations s’intègrent rapidement à leurs nouveaux territoires comme le prouve l’étude archéologique de leurs habitats et de leurs pratiques funéraires. À partir de 486, Clovis, roi des Francs, entreprend de réunifier presque toute la Gaule, puis se convertit au christianisme. Son baptême, vers 496, lui assure l’appui des évêques de Gaule et de l’Église romaine catholique qui, par la suite, soutiendront son expansion en Gaule, notamment aux dépens des Wisigoths, adeptes de l'arianisme.

Les Mérovingiens
Pour diriger, Clovis et sa famille, appelée « les Mérovingiens » (dont le nom vient d’un ancêtre mythique, Mérovée), s’entourent de l’ancienne classe sénatoriale gallo-romaine et de la classe dirigeante d’origine germanique. Cette aristocratie régit le quotidien de nombreux paysans, artisans, élites laïques et religieuses, moines et soldats… Après la mort de Clovis en 511, ses descendants se partagent le royaume en plusieurs entités (Neustrie, Burgonde, Austrasie, etc.) dont les frontières ne cesseront de varier au fil des conquêtes et des alliances politiques. 

Les Carolingiens
Au début du VIIIe siècle, une forte instabilité politique émaillée de luttes fratricides propulse une nouvelle dynastie au pouvoir : les Carolingiens (751-987). Autour de l’an 800, l’empire de Charlemagne s’étend sur toute l’Europe. Porteuse d’un renouveau politique, économique, artistique et social, la dynastie carolingienne doit cependant faire face aux invasions vikings, sarrasines et hongroises dès le début du IXe siècle.

Les Capétiens et l’ordre seigneurial
En 987, la mort du dernier roi carolingien permet l’accession au trône de Hugues Capet. Sous la dynastie des Capétiens, se met en place un nouveau système politique remplaçant celui de la royauté. Appelé « société féodale » ou « ordre seigneurial », ce système repose sur le morcellement du pouvoir central délégué désormais à une multitude de grands seigneurs (suzerains). Au sein de ces petites principautés locales appelées « fiefs », un contrat scelle l’engagement réciproque d’un seigneur vis-à-vis de son vassal à qui il fournit une terre pour assurer sa subsistance ainsi qu'une protection en toutes circonstances. En retour, le vassal doit à son seigneur une aide militaire consistant à défendre le château, les intérêts et les possessions de celui-ci, ainsi qu’une aide financière.

Fin du Moyen Âge
Si le XIIIe siècle correspond à l’apogée de l’Occident médiéval, les XIVe et XVe siècles sont caractérisés par des périodes de troubles et de crises démographiques, économiques et sociales. Les charniers découverts lors de la fouille de l'aître Saint-Maclou de Rouen sont l’un des témoins des dégâts démographiques causés par la grande peste noire qui connaîtra des redites tout au long du XVe siècle. 
À cette épidémie, s’ajoute le conflit qui oppose la France à l’Angleterre pendant plus d’un siècle (Guerre de Cent Ans) et une importante dégradation du climat, appelée « Petit Âge glaciaire », qui persistera jusqu’en 1850. 
 

Spiritualité et religions

L'Antiquité tardive et le début du haut Moyen Âge sont les temps du premier christianisme.

La religion catholique, imposée au IVe siècle (édit de Théodose), s'installe lentement dans les campagnes. Le baptême de Clovis, en 496, scelle une alliance entre les Francs et l'Église catholique romaine qui désormais va soutenir leur expansion en Gaule, notamment aux dépens des Wisigoths, pratiquants du christianisme arien.

L'Église possède une grande vigueur dès l'époque mérovingienne et la christianisation des campagnes n'est réellement bien engagée que dans le courant du VIIe siècle. On l'observe, sur le plan archéologique, par la présence de symboles sur le mobilier funéraire et par le nombre croissant de fondations d'églises et de chapelles.

Les abbayes se multiplient. À l'époque carolingienne, elles deviennent de hauts lieux de la vie spirituelle mais également des centres d'artisanat et d'art.

Le pape contrôle l'épiscopat et les ordres religieux. Il définit les grands dogmes et impulse les croisades. En Occident, la suprématie du pape sur l'Église latine mais également sur le pouvoir politique sera à l'origine de multiples conflits.
 

Subsistance, économie, commerce

L’expansion du commerce est étroitement liée au développement des villes et aux progrès technologiques tout au long du Moyen Âge.

Dès le début de la période, on cultive des céréales : orge, blé, avoine et seigle. L’élevage fournit la viande et le lait, mais aussi la matière première pour le textile et le cuir. 
Au fil des siècles, les techniques d’exploitation de la terre évoluent. Le perfectionnement de l’attelage (collier d’épaule, développement du ferrage des équidés, attelage en file) permet de déployer la puissance de traction animale. Les travaux agricoles sont également facilités par la généralisation de la faux pour les moissons et le développement de la charrue qui retourne la terre plus profondément. Grâce à ces innovations techniques, les rendements agricoles augmentent et les cultures maraîchères et viticoles se développent.

Dès le VIIIe siècle, Charlemagne met en place un nouveau système monétaire. Les fouilles des mines de Melle (Deux-Sèvres) ont révélé l’existence d’un centre monétaire majeur pour l’Europe. Ce site d’exploitation de galène argentifère compte des ateliers de lavage du minerai et de transformation, ainsi qu’un atelier de fabrication des pièces de monnaie. 

Par ailleurs, des fouilles comme celles menées à Quentovic (Pas-de-Calais), dans la vallée de la Canche, l’un des ports les plus importants du royaume entre le Ve et le Xe siècle, mettent en évidence le rôle économique des villes en bordure des voies navigables, notamment dans le commerce avec l’Europe du Nord.
À partir du XIIe siècle, on assiste au véritable essor de la ville comme centre économique. Cette époque connaît par exemple l’avènement des foires en Flandres et en Champagne (Troyes, Provins, etc.). Dans une Europe alors en pleine expansion, les réseaux d’échange permettent aux hommes et aux marchandises de circuler plus librement tout autour de la Méditerranée, dans les Flandres et dans les villes textiles du Nord, ainsi que vers l’Orient. Ce commerce est facilité par le perfectionnement des techniques de navigation : les découvertes d’épaves montrent l’évolution des bateaux et de leurs tonnages. 

Habitat

Au Moyen Âge, la majorité de la population vit dans les campagnes. Les villes sont également présentes, mais il faut attendre le XIIe siècle pour assister à un véritable essor urbain.

Habitat rural
Les fouilles préventives de vastes surfaces menées depuis les années 1990 ont permis de découvrir de nombreux habitats ruraux datant du Ve au Xe siècle. 
Entre le Ve et le VIIIe siècle, les villages sont composés d’un bâtiment principal (habitation) entouré de ses annexes (ateliers, granges, écuries, puits, fours, aires de stockage des denrées alimentaires : greniers aériens et silos enterrés). Construits sur des poteaux plantés, et parfois sur des soubassements en pierre ou des sablières en bois, les bâtiments ont des murs en terre (torchis) et en bois, couverts par un toit en chaume. Des cabanes semi-enterrées assurent des fonctions multiples : annexe domestique, atelier de tissage, remise, abri pour jeunes animaux, laiterie… 
Les archéologues observent l’évolution de cette organisation spatiale à partir des VIIIe et IXe siècles. Auparavant dispersé, l’habitat se regroupe progressivement en hameaux ou villages. Certains sites se dotent même d’une église et d’un habitat privilégié dès les VIIe et VIIIe siècles, comme en témoigne le site de Serris (Seine-et-Marne). En outre, la taille des bâtiments et des silos augmente, tout comme celle des parcelles. À Trets (Bouches-du-Rhône), la concentration de nombreux silos, utilisés entre le VIIIe et le Xe siècle, prouve que ces lieux de stockage servaient à toute la communauté, pour la consommation des habitants, pour l'ensemencement des champs, mais aussi pour les impôts à verser aux seigneurs locaux ou comme réserve en cas de disette. Enfin, l’apparition d’aires de traitement des céréales ou de cuisson indique aussi que certaines activités sont mises en commun. 

Habitat d’élite
À partir du Xe siècle, de nouvelles formes d’habitat d’élite apparaissent. 
Parfois fortifié, il est toujours entouré de fossés et doté d’une tour, comme la résidence aristocratique mise au jour à Pineuilh (Gironde) ou la motte castrale de Vesvre à Neuvy-deux-Clochers (Cher). 
La motte castrale est une élévation de terre, artificielle ou naturelle, souvent entourée d'un fossé, au sommet de laquelle est construite une fortification. Les fouilles de mottes, comme celle de Chasné-sur-Ilet (Ille-et-Vilaine) ou de Neuvy-deux-Clochers (Cher) sont rares. Si leur aménagement montre par certains aspects une vocation défensive à compter du XIe siècle, ces mottes expriment avant tout la puissance de leur propriétaire à travers la position culminante de la butte qu’elles occupent et la verticalité de leur tour.
Au cours des XIe et XIIe siècles, les constructions en bois des mottes castrales disparaissent au profit des châteaux forts en pierre, plus résistants aux attaques. Positionné sur un site en hauteur lui conférant des vertus défensives, le château fort s’entoure de fortifications (murs d’enceintes ponctués de tours et surmontés par un chemin de ronde), elles-mêmes cernées de fossés ou de douves. Le château et son donjon symbolisent aussi le pouvoir du seigneur. Si de nombreux châteaux ne sont pas occupés toute l’année avant la guerre de Cent Ans, ils deviennent des lieux de résidence pérennes une fois la paix revenue. Leur donjon et leurs tours subsistent, mais leur chemin de ronde devient alors un promenoir et leurs fenêtres s’agrémentent de larges baies décorées de pignons, d’arcs et de moulures annexes. 

Habitat urbain
Les villes du Moyen Âge revêtent plusieurs formes au cours des siècles. Héritée de la ville antique, celle du IVe siècle continue d’être le siège de l’autorité religieuse et politique. De nouvelles agglomérations sont par ailleurs fondées dans le courant du VIIe siècle le long des fleuves et des côtes, jouant un rôle commercial important. Ces villes, formées de maisons généralement en bois et en terre mais également en pierre, s’établissent à proximité des populations les plus riches : cour royale, cours comtales, résidences saisonnières des rois (Attigny, Quierzy, Compiègne), communautés monastiques.
À partir du XIIe siècle, les villes connaissent un essor considérable lié au développement du commerce. 
Les maisons implantées hors de leurs remparts forment de nouveaux quartiers, appelés « faubourgs », qui seront, plus tard, intégrés dans une enceinte plus vaste. Artisanat et commerce font prospérer non seulement les boutiques mais surtout les marchés et les halles. Les métiers se regroupent par rues (bouchers, banquiers). Certaines activités plus polluantes, comme la tannerie et la teinturerie, sont repoussées en périphérie. À Gennes-Val-de-Loire (Maine-et-Loire), la découverte des vestiges d’une tannerie datant du XIVe siècle permet de retracer le mode opératoire de cet artisanat. 
À cette époque, les municipalités érigent des hôtels de ville et des beffrois afin d’illustrer leur puissance.
La maison à étages devient la norme. Encore majoritairement construite à base de torchis et de bois, la pierre étant réservée aux bâtisses plus luxueuses, ses façades sont étroites et les vitres ne se généralisent qu’à partir du XIVe siècle. 

Artisanat

Durant le millénaire médiéval, certains artisanats se mécanisent progressivement tandis que la production textile connaît un essor de type industriel. 

Rôle de l’énergie hydraulique
L’accroissement de la productivité artisanale va de pair avec la généralisation du moulin qui se perfectionne et se répand à partir du IXe siècle. L’utilisation de ses forces hydraulique et éolienne a d’importantes répercussions, notamment dans les domaines du textile, de la métallurgie et du papier. Il se substitue aux mains de l’homme pour moudre les céréales, fouler le lin et la laine, tanner le cuir ou encore presser l’huile, le papier, la guède, etc. Découvertes à proximité de la rivière du Gravelon à Thervay (Jura), 250 pièces en bois (meules, pales, axes, poutres), exceptionnellement bien conservées, ont permis d’approfondir notre connaissance de l’ingénierie hydraulique médiévale. 

Vers une industrialisation du textile
Le textile connaît un développement sans précédent, grâce à des innovations dans la sélection des moutons et le traitement des étoffes (tissage, foulage). Le métier à tisser horizontal, qui remplace le métier vertical, l’invention du rouet pour le filage au XIIIe siècle ainsi que le développement du moulin à eau pour le foulage ont un impact décisif sur l’économie.

Progrès de la métallurgie
Dès le début du Moyen Âge, la plupart des habitants des campagnes disposent d’une forge pour fabriquer ou réparer des objets, comme en témoignent les découvertes de bas-fourneaux, de ferriers, de scories de coulées ou de résidus de minerai. Le site de Pratz (Jura) a révélé deux bâtiments : l’un à vocation résidentielle et l’autre accueillant une forge. De même, les vestiges de structures (fosses, foyers, fours…) et les déchets (scories, battitures) retrouvés sur 800 m2 au sein du site de la Chevrolière (Loire-Atlantique) indiquent que plusieurs étapes de la chaîne opératoire de traitement du métal s’y déroulaient successivement.

À la fin du XIVe siècle, l’Europe connaît un puissant essor minier permettant d’extraire les matières premières nécessaires à l’architecture et à la métallurgie (pierre, fer), mais aussi le charbon qui fait fonctionner les fours. 
À la fin du Moyen Âge, l’énergie hydraulique révolutionne le travail du métal. Équipés d’une soufflerie très puissante actionnée par une roue hydraulique, de grands fourneaux appelés « hauts-fourneaux » transforment le minerai de fer en fonte composée de fer et de carbone. Cet alliage est ensuite affiné dans un second foyer muni également d’une soufflerie et d’un marteau hydraulique. Ces techniques permettent d’augmenter la taille et la quantité des objets produits (marmites, boulets de canon, pièces d’artillerie comme la bombarde) et de faire baisser leurs coûts de production.

Diversification des techniques d’orfèvrerie
Par ailleurs, l’orfèvrerie se perfectionne également. Dès le début du Moyen Âge, bijoux et accessoires vestimentaires très colorés sont fabriqués en alliage cuivreux, en argent ou en or. La surface des objets en bronze est souvent ensuite étamée, tandis que celle des objets en argent peut être dorée. Obtenus la plupart du temps par moulage, tous sont ensuite décorés selon des procédés divers (estampage, gravure, nielle, filigrane) qui reflètent à la fois la mode et la disponibilité des matières premières.
Au VIe siècle, la technique du cloisonné prédomine pour les fibules mais est aussi utilisée pour les fermoirs d’aumônière et les boucles de ceintures. Au cours du VIIe siècle se développe la vogue des pierres en bâtes, utilisée là encore pour décorer les fibules. C’est à cette même période que la damasquinure connaît un essor sans précédent, notamment pour les garnitures de ceinture en fer. 
Pour la fabrication des lames des épées, les forgerons utilisent la technique du damassage consistant à combiner, par torsion et martelage à chaud, des couches de fer et d’acier de duretés différentes. Elle permet d’obtenir des lames à la fois souples et résistantes, tout en offrant un décor avec des motifs « en damas ». Certaines épées d’apparat possèdent à la fois lame damassée et pommeau ouvragé en métaux précieux. 

Variété de la céramique

Enfin, l'étude archéologique des objets en céramique entièrement manufacturés montre une large palette de techniques selon les époques et les lieux de production. Ils peuvent être ornés d’un décor à la molette, de peinture ou d’une glaçure. L’atelier de poterie de Sevrey (Saône-et-Loire), exploité durant plusieurs siècles d’affilée, est un site privilégié pour analyser les traces matérielles de toute la chaîne opératoire : préparation de l’argile, tournage des poteries puis cuisson. 

Objets de la vie quotidienne

La diversité des objets du quotidien étudiés par les archéologues témoigne d’un dynamisme artisanal dès le début du Moyen Âge. 

Les services de table, très fonctionnels, en céramique, présentent des formes et des ornements variés, avec des différences notables selon les régions. Ils comprennent gobelet, bol, assiette, écuelle, cruche, pichet et oule. La vaisselle en verre ou en métal (alliage cuivreux) est probablement moins répandue. Enfin, la vaisselle en bois, sans doute nombreuse à l’époque, est rarement retrouvée par les archéologues car son matériau n’est conservé que dans des contextes humides, tout comme le cuir et le textile. 
La fouille des habitats livre également des accessoires liés aux modes de transport (fers d’équidés, éléments d’attelage, etc.), des éléments d’huisseries (clés, serrures), des éléments architecturaux et des outils agricoles (faucilles, faux, pelles, bêches, haches, etc.).

L’outillage artisanal est présent. On retrouve notamment des broches utilisées pour le tissage, des pesons lestant les fils des métiers à tisser verticaux, des fusaïoles lestant les fuseaux, des aiguilles en os ou en alliage cuivreux, mais aussi les alênes, petit outil permettant de percer le cuir. Côté production, on exhume des objets en textile, en cuir, en os, en pierre ou en verre, comme les lunettes. Celles-ci se développent au XIIIe siècle grâce au perfectionnement de l’optique et de la technique du verre. Les premières sont des loupes pour les presbytes. Plus tard apparaissent les lunettes pour les myopes.

Les vestiges d’activités ludiques sont rares et principalement découverts sur les sites de statut privilégié, comme celui de Pineuilh en Gironde. Il peut s’agir de pièces de jeux d’échec, d’instruments de musique, de dés. Ce même type de site livre aussi des pièces de harnachement et des objets militaires (pointes de flèche, épées). Les lampes en terre cuite y sont également nombreuses.

Les sépultures mérovingiennes nous renseignent sur la mode grâce à la mise au jour de nombreux éléments de vêtements : boucles de chaussure ou de ceinture, éléments décoratifs, fibules. Les pièces d’armement et la vaisselle en métal retrouvées dans les tombes fournissent des indications sur le statut social et culturel du défunt.

Arts

La créativité artistique est florissante au Moyen Âge ; le domaine religieux en est l’un des témoins privilégiés.

L’art roman, style architectural religieux, est contemporain de l’essor des grands monastères, de la réforme de l’Église et de la mise en place de la société féodale vers la fin du Xe et le début du XIe siècle. Les églises romanes présentent un plan basilical doté d’une nef seule ou d’une nef centrale entourée de deux ou quatre bas-côtés. Leurs nefs sont couvertes d’une voûte en berceau plein cintre et prolongées par une abside semi-circulaire surmontée d’une voûte en cul-de-four. Enfin, elles sont orientées est-ouest. Des fouilles archéologiques et des études du bâti ont été menées à l’Abbaye de Cluny (Saône-et-Loire), la basilique Saint-Sernin à Toulouse (Haute-Garonne), la cathédrale d’Autun (Saône-et-Loire) et l’église Saint-Laurent de Grenoble (Isère). 

En dépit de ces prouesses architecturales, la hauteur et la longueur de la nef, ainsi que le nombre et la taille des ouvertures des constructions romanes, restent limités. À partir du XIIe siècle, l’art gothique permet de gagner en hauteur et surtout en clarté grâce à la mise au point de l’arc-boutant et de la voûte d'ogive. Il occupe essentiellement l’espace urbain car sa nouvelle esthétique doit manifester la gloire de Dieu au cœur des villes en plein essor. Le lien entre l’homme et Dieu est symbolisé par la tour et le clocher qui s’élèvent vers le ciel, et par les vitraux qui laissent pénétrer la lumière à l’intérieur de l’édifice. Le décor sculpté est à portée de tous et les vitraux rendent compte des épisodes de la Bible ou de la vie quotidienne. Les cathédrales de Chartes ou d’Amiens en sont de parfaits exemples.

C’est aussi au Moyen Âge que l’art des manuscrits se développe, avec les enluminures et les miniatures exécutées en marge des textes sacrés ou liturgiques. Le chant liturgique grégorien (une note par syllabe) apparait au VIe siècle et sera imposé par Charlemagne. Dans le domaine musical, le Moyen Âge met également au point la science de l’harmonie qui pose les règles de la formation et de l’enchaînement des accords. Le principe des notes et des portées apparaît au XIe siècle. 

Traitement des morts

Si tout au long du Moyen Âge, l’inhumation est la norme, le rapport entre les morts et les vivants ne cesse d’évoluer au cours de la période.

Des nécropoles de « plein champ »
En milieu rural, entre le Ve et le VIIIe siècle, de vastes nécropoles installées à l’écart du village coexistent avec de petits groupes funéraires implantés à proximité immédiate des habitations. Ces nécropoles, comme celle mise au jour à Croixrault (Somme), rassemblent de quelques centaines à quelques milliers de tombes, organisées en rangées selon un maillage plus ou moins régulier. Dans les villes, où la manifestation de la christianisation est plus avancée, des sépultures commencent à apparaître autour ou à l’intérieur des édifices de culte comme à Gonesse (Val-d'Oise). L’aristocratie, à l’exemple de Clovis, se fait inhumer dans les églises. 

Des modes d’inhumations variés
À cette même époque, les fouilles font état aussi bien d’inhumations en pleine terre que de cercueils, de coffrages en bois ou en pierre et de sarcophages en pierre comme à Muron (Charente-Maritime) ou en plâtre comme à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). Certaines sépultures de haut rang possèdent même une chambre funéraire comme à Saint-Dizier (Haute-Marne), Hegenheim (Haut-Rhin) et Erstein (Bas-Rhin). Chez certains peuples, comme les Francs, le défunt est accompagné d’objets qui témoignent de sa place dans la société : armement pour le guerrier (scramasaxes, épées, lances, haches, umbos de boucliers), parures et bijoux pour les personnes de haut rang, vaisselle de terre ou de verre, et dépôts divers. Cependant, toutes les tombes n’en contiennent pas. La variété des pratiques funéraires constatée s’explique par les coutumes locales, le statut du défunt, l’accès aux matières premières ou encore la nature du sous-sol. 

Les découvertes de tombes à incinération, d’enclos funéraires, de tumuli ou de sacrifices animaliers, comme la tombe d’un cheval sur le site de Saint-Dizier (Haute-Marne), à cinq mètres de la sépulture de son présumé cavalier inhumé avec des éléments de harnachement, indiquent la tolérance de la part des ecclésiastiques à l’égard de ces pratiques. Dès le VIIe siècle, la raréfaction progressive des dépôts d’objets funéraires, puis leur disparition vers le milieu du VIIIe siècle, sont des conséquences de la diffusion de la religion chrétienne.
Au cours de cette même période, certains individus sont inhumés autour d’une sépulture privilégiée qui donne souvent naissance à un lieu de culte, comme il en a été observé sur le site de Saleux (Somme). 

Vers le « cimetière médiéval »
À partir du VIIIe siècle, les tombes se concentrent majoritairement autour des églises. C’est l’évolution vers le « cimetière médiéval ». Toutefois, jusqu’au XIIe siècle, il demeure courant de trouver des sépultures isolées ou regroupées au sein même d’habitats ruraux, comme l’indiquent les résultats des fouilles menées à Sorigny (Indre-et-Loire), à Saran (Loiret) ou à Saint-Sylvain-d’Anjou (Maine-et-Loire). De même, le site de Pont-sur-Seine (Aube) réunit, sur une surface réduite de 3-4 hectares, une centaine de tombes agglomérées autour d’un lieu de culte, une petite nécropole d’une quarantaine de tombes implantées en enfilade le long de limites parcellaires et quelques tombes au sein de l’habitat. Ces exemples prouvent que les lieux d’inhumation ne sont toujours pas complètement fixés à cette époque et que l’enterrement au cimetière paroissial n’est pas encore une obligation.

Si l’inhumation est le plus souvent interdite au sein même de l’église, le clergé et la noblesse y dérogent couramment. Les cloîtres sont également des lieux fréquents d’inhumation. Plus tard, les léproseries ainsi que les premiers hôpitaux, gérés par les communautés religieuses, disposeront de leur propre lieu de culte et d’inhumation. Les huit sépultures collectives découvertes boulevard Sébastopol à Paris, à l’emplacement de l’ancien hôpital de la Trinité fondé au XIIe siècle, nous renseignent sur la gestion des morts lors des épisodes de surmortalité. Les communautés juives bénéficient, elles aussi, de cimetières attitrés comme celui mis au jour à Châteauroux (Indre).

Les apports de l’archéologie funéraire
Les fouilles de nécropoles permettent non seulement de déterminer les pratiques funéraires (mode d’inhumation), mais également de mieux connaître les conditions de vie des populations. Les restes humains renseignent les archéologues et les anthropologues sur l’âge approximatif du décès, le sexe des individus, le taux de mortalité infantile (atteignant près de 50 % au Moyen Âge), l’alimentation et les carences. De plus, les activités répétitives telles que la pratique cavalière intensive ou le port de lourdes charges ; les stigmates de blessures ou certaines maladies infectieuses comme la variole, la tuberculose ou la lèpre laissent des traces sur les os. Certaines tombes livrent des restes d’appareillages, tels que des prothèses, et témoignent de la prise en charge du handicap par la société médiévale.

Ailleurs dans le monde

476 : chute de l'Empire romain d'Occident
VIe siècle : apogée de la civilisation Maya
532 : construction de l'église Sainte-Sophie à Constantinople
610 : début de la prédication de Mahomet
633 : début des conquêtes arabes en Syrie, Perse et Égypte
653 : fixation du texte du Coran
Vers 700 : premiers établissements vikings sur les îles Shetlands
711 : conquête de l'Espagne par les Musulmans
712 : conquête du delta de l'Indus par les Arabes
794 : Kyoto devient la capitale du Japon
799 : première attaque des vikings en Gaule
820 : premiers raids Vikings
830-831 : les Arabes prennent Palerme
835 : Samarra, capitale des Abbasides
838 : raids des Sarrasins en Provence
840 : début des grandes invasions normandes d'Angleterre
845 : persécution en Chine contre les bouddhistes
870 : premier livre imprimé en Chine
960 : fondation de la dynastie Song en Chine
1054 : séparation des églises d'Orient et d'Occident
1066 : Guillaume de Normandie conquiert d'Angleterre
1204 : Constantinople est prise par les croisés
1271 : départ de Marco Polo pour la Chine
1337-1453 : Guerre de Cent Ans entre Anglais et Français
1347 : apparition de la peste noire en Europe
1438 : invention de l'imprimerie typographique par Gutenberg
1453 : conquête de Constantinople par les Turcs ottomans. Fin de l'Empire de Constantinople (Byzance)
1492 : découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, prise de Grenade par les rois catholiques

Ressources complémentaires

Une sélection de ressources audiovisuelles et multimédias pour approfondir ses connaissances sur le Moyen Âge.

Plus de ressources dans la médiathèque de l’Inrap